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Lettre de Scolopax n°15

Chronique n°15

La bérézina de l'éolien (partie 2)

La hausse des heures à tarif négatif

Scolopax, APPEL Coeur du Jura

Lettre de Scolopax n°15

Bonjour,

 

Dans ma dernière lettre, je vous parlais de la situation très critique dans laquelle s’était mise l’Allemagne cet hiver en ayant fait le pari de l’éolien : l'effondrement de la production avait en effet entraîné une explosion des prix subitement multipliés par 10 !

 

Que diriez-vous si, cette fois, je vous disais que, dans notre belle France, il se produit de plus en plus fréquemment l'exact opposé ? Laissez-moi vous l'expliquer...

 

Lorsqu'il y a du vent, les éoliennes (nous aurions pu faire la même analyse avec les parcs photovoltaïques) produisent de l’électricité qu’il faut mettre immédiatement en circulation sur le réseau et obligatoirement consommer dans l’instant, à défaut de pouvoir la stocker. Or, comme ces pics se produisent souvent au moment où nous n'avons pas besoin de cette électricité supplémentaire, les prix de vente s'effondrent devenant parfois négatifs.

Le Monde le dénonçait déjà le 20 octobre 2023 en publiant que «  La France a déjà connu 118h de prix négatifs en 2023 ; Un record. » et expliquant que «Cela tient à une production d’électricité supérieure à la demande, du fait notamment des énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire, non stockables. »

EDF est ainsi contrainte soit d'exporter le surplus d'électricité à perte soit, pire encore, de payer de gros consommateurs pour qu'ils utilisent de l'électricité dont ils n'auraient ordinairement pas forcément besoin. C'est par exemple le cas de Syensqo (ex Solvay), à Tavaux.

Parce que nous continuons de développer l'éolien et le photovoltaïque, le nombre d'heures à prix négatif est en forte hausse. Il est ainsi passé, selon la Commission de Régulation de l'Energie, de 147h en 2023 à 359 en 2024 dont 235 pour le seul premier trimestre. Cette dérive aurait coûté, selon le Gouvernement, pas moins de 30 millions à l’État rien qu'en 2024.

 

Et pensez-vous que les promoteurs éoliens, qui contribuent à cette déstabilisation générale, soient pénalisés pour cela ? Pas le moins du monde !

 

Ils sont protégés par des contrats à long terme (1) leur garantissant un prix très supérieur à celui du marché. Ce, même si l'électricité issue des EnR doit être financée une seconde fois pour être consommée. N'est-ce pas incroyable et scandaleux (2) ?

Ce, d'autant plus que les énormes avantages consentis aux promoteurs (3) sont financés par l'accise (ex CSPE) figurant sur votre facture d’électricité. Mais j’y reviendrai dans ma prochaine lettre !

A bientôt,

Scolopax

 

(1) Rappelons que le parc éolien de Chamole bénéficie d’une Obligation d’Achat (OA) sur 15 ans à un prix double du prix du marché. 

 

(2) Face à de telles dérives, la Commission de Régulation de l’Electricité ose tout de même, dans sa Note du 18 novembre 2024, proposer quelques « incitations » pour enrayer le phénomène.

 

(3) Le montant prévisionnel des Obligations d’Achat et des Compléments de rémunération

est estimé à la bagatelle entre 108 et 126 milliards d’euros pour la période 2018-2048, selon le Rapport annuel n°3 du Comité de gestion des charges de service public de l’électricité (CGCSPE) de septembre 2021.

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